Messe pontificale en rit arménien à Notre-Dame de Paris

A l’occasion du 96ème anniversaire du début du génocide de 1915 en Turquie, une divine liturgie pontificale en rit arménien a été célébrée hier à Notre-Dame de Paris par S.E.R. Mgr Grégoire Ghabroyan, évêque des Arméniens Catholiques de France.

Dans l’Empire Ottoman, les Arméniens formaient une communauté chrétienne importante, principalement sur les terres historiques de l’ancien royaume d’Arménie, premier pays a avoir été chrétien. Le génocide de 1915 a très manifestement suivi un plan en plusieurs étapes et parait donc avoir été réfléchi et non improvisé. Dans un premier temps, le 24 avril 1915, sur ordre du gouvernement des Jeunes-Turcs, les responsables politiques, religieux, intellectuels de la communauté arménienne de Turquie furent arrêtés (sous motif de simples vérifications administratives, afin de ne pas trop affoler le reste des populations). Les emprisonnements concernèrent ensuite tous les hommes adultes ; ces emprisonnements aboutirent à des simulacres de procès, puis à des exécutions sommaires et discrètes. Les soldats arméniens incorporés dans l’armée turque furent désarmés, contraints de creuser les tombes dans lesquels ils furent amoncelés après avoir été passés par les armes. Le reste de la population, soit donc les femmes, vieillards et enfants furent ensuite déportés (sous la promesse qu’on allait les installer dans une région qu’on donnait aux Arméniens plus au Sud de l’Arménie). Lors de leur marche forcée, on leur firent subir les pires exactions : racket, vols, viols, brutalités, tortures, massacres. Ceux qui avaient pu survivre à la fin, à la soif et aux sévices de la marche forcée vers le Sud furent rassemblés dans le désert de Deir Ez-Zor (actuelle Syrie) où les turcs firent des massacres de masse à l’arme blanche après avoir dénudés leurs victimes pour récupérer les vêtements. Durant le génocide, de nombreux enfants furent enlevés à leurs famille pour être placés dans des familles turques, kurdes ou des orphelinats afin de les islamiser et les turquifier. De même, de nombreuses femmes ou enfants furent vendues en esclavages à des familles turques ou kurdes, et islamisés de force. On estime que 1 500 000 arméniens périrent dans ce génocide de 1915, lequel frappa également les autres minorités chrétiennes syriaques, chaldéennes, assyriennes & grecques.

L’Eglise considère ces victimes comme des Martyrs car ils furent mis à mort pour leur foi chrétienne (dans les premières semaines du génocide, le gouvernement turc avait annoncé que ceux qui se convertiraient à l’Islam seraient épargnés). Ce génocide, avéré par les historiens et reconnu par un grand nombre d’états et le Parlement européen, est nié par la Turquie qui pratique un négationisme d’état tant à l’intérieur qu’à l’extérieur par sa diplomatie.

Un phénomène récent s’observe actuellement en Turquie : dans les territoires de l’ancienne Arménie, des descendants d’Arméniens turquifiés de force en 1915 retrouvent leurs racines, redeviennent chrétiens et se réapproprient leur culture arménienne.

Chaque année, à la date anniversaire du 24 avril, les Arméniens, dispersés dans le monde entier, honorent leurs martyrs et réclament reconnaissance du crime fait à leurs parents.

La divine liturgie célébrée pontificalement à Notre-Dame fut chantée par le chœur de la cathédrale Sainte-Croix des Arméniens Catholiques de Paris, sous la direction de M. Antoine Kéchichian. L’interprétation des chants liturgiques par ce chœur fut tout à fait sublime, d’une haute qualité musicale comme spirituelle.

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