Laudate Dominum – Psaume 150 en plain-chant patriarchin

Psaume150-chant patriarchin

Psaume 150

Laudáte Dóminum in sanctis ejus : *
laudáte eum in firmaménto virtútis ejus.
Louez le Seigneur dans son Sanctuaire ; louez-le dans le firmament où éclate sa vertu toute-puissante.
Laudáte eum in virtútibus ejus : *
laudáte eum secúndum mutitúdinem magnitúdinis ejus.
Louez-le dans toutes ses vertus divines : louez-le selon l’immensité de sa grandeur.
Laudáte eum in sono tubæ : *
laudáte eum in psaltério, et cíthara.
Louez-le au son des trompettes ; louez-le sur le psaltérion & la guitare.
Laudáte eum in týmpano, et choro : *
laudáte eum in chordis, et órgano.
Louez-le avec des tambours & dans les concerts : louez-le sur l’orgue & avec des instruments à cordes.
Laudáte eum in cýmbalis benesonántibus : laudáte eum in cýmbalis jubilatiónis : *
omnis spíritus laudet Dóminum.
Louez-le sur des cymbales les plus harmonieuses : louez-le avec des cymbales de joie : que tout esprit loue le Seigneur.
Glória Patri, & Fílio, & Spirítui Sancto : *
sicut erat in princípio, & nunc, & semper, & in sæcula sæculórum. Amen.
Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit, comme il était au commencement, & maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.

Source : Don Mario Dal Tin, Melodie tradizionali patriarchine di Venezia. Panda Edizioni, Padoue, 1993.

On désigne sous le nom de chant patriarchin les traditions cantorales propres au ressort du patriarcat d’Aquilée, devenu au fil des vicissitudes historiques patriarcat de Grado puis de Venise. Ce chant, très original, puise ses racines propres dans l’ancienne liturgie qui était en usage dans l’antiquité dans la région de Vénétie & d’Istrie : le rit d’Aquilée. Ce rit, à mi-chemin entre le rit romain et le rit ambrosien, fut longtemps celui de la métropole d’Aquilée, ville majeure de l’Empire romain, au point d’être comparée sous Auguste à une seconde Rome & où, selon la tradition, saint Marc fonda l’Eglise. Si le rit d’Aquilée disparut en 1596 (essentiellement pour des raisons économiques : les frais d’édition des différents livres liturgiques propres au patriarcat étaient énormes, le chapitre préféra prendre les livres romains, largement diffusés & moins chers), certaines de ses traditions cantorales subsistèrent voire se développèrent dans le ressort de la République de Venise. Ces traditions, souvent orales, sont encore vivaces sur la côte de Dalmatie, et présentent parfois des synthèses originales d’influences latines, byzantines & glagolitiques.

Ce Psaume 150 – que nous avons noté ici en notation carrée à partir des transcriptions recueillies d’après les traditions orales par Don Mario Dal Tin – est un bel exemple des traditions patriarchines. Il était chanté à la fin de l’office des Ténèbres du Samedi Saint. Sa corde de récitation en sol est curieusement résolue en finale mi, avec une cadence suspensive d’un demi-ton final (fa-mi), qui constitue une belle surprise pour une oreille moderne percevant d’emblée un sol majeur. Don Dal Tin note que ce demi-ton sur la cadence finale est signe d’antiquité dans les traditions populaires du patriarcat.

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