Qui regis sceptra – séquence du IIIème dimanche de l’Avent

Prose Qui regis sceptra

Source : Missale parisiense du XIIIème siècle (BnF Latin 1112)

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Qui regis sceptra forti dextra solus cuncta : Toi qui seul, par la force de ta dextre, règnes sur tous les sceptres ;
Tu plebi tuam ostende magnam excitándo poténtiam. Réveille ta grande puissance & montre-la à ton peuple.
Præsta illi dona salutária. Donne-leur les dons salutaires.
Quem prædixérunt prophética vaticínia, Celui qu’ont prédit les oracles prophétiques,
A clara poli régia : Des cieux, de ton éclatant royaume,
In nostra Jesum mitte, Dómine, arva. Amen. Envoie, Seigneur, Jésus sur notre terre. Amen.

L’ancien usage parisien utilisait Qui regis sceptra comme séquence pour le IIIème dimanche de l’Avent, à l’instar de très nombreux diocèses d’Europe occidentale.

L’origine de cette prose Qui regis sceptra du IIIème dimanche de l’Avent est un peu mystérieuse. Les diocèses d’Europe occidentales la chantaient quasiment tous, tandis qu’en Europe de l’Est on chantait sur la même mélodie un texte différent – Angelorum ordo sacer -, dont la composition passe pour être de strong>Notker le Bègue (c. 840 † 912), moine de l’Abbaye de Saint-Gall, l’inventeur des séquences. Il semble que la mélodie de Notker ait reçu son nouveau texte en Aquitaine au Xème siècle et de là est passée rapidement dans tous les diocèses occidentaux.

Cette séquence est écrite dans le IVème ton, en continuité avec l’Alleluia Excita, Domine, potentiam tuam du troisième dimanche de l’Avent.

Elle fait partie d’un très petit nombre de séquences dont les versets ne sont pas tous répétés de façon symétriques, tandis que les proses régulières voient leurs versets chantés par paires semblables. Toutefois, cette anomalie – qui continue de soulever des interrogations chez les musicologues qui étudient le répertoire médiéval – trouve son explication dans certains manuscrits, où l’on voit que les versets asymétriques étaient chantés d’abord avec leur texte puis repris en vocalisant sur le a, comme un jubilus d’alléluia. Voici par exemple un manuscrit de l’Eglise de Rouen (Graduale Rotomagense – BnF manuscrit 904, folio V recto), du XIIIème siècle, qui montre bien comment ces séquences asymétriques se chantaient : la prose Qui regis sceptra commence avec ses deux premières strophe qui se répondent de façon symétrique. Puis à partir de la troisième strophe jusqu’à la fin, la mélodie de chaque vers est reprise en jubilus sur la voyelle a (laquelle termine chacun de ces vers).

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Notre transcription suit les variantes mélodiques et textuelles de détail des manuscrits parisiens, avec le rythme traditionnel pour les proses de la cathédrale Notre-Dame. Nous avons rétabli les jubili sur les a, formant la contrepartie des versets à partir du 3ème. Ceux-ci doivent se chanter sur le même rythme que les versets.

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