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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Charles de Courbes – Christe qui lux es et dies – Hymne du Carême, à complies

Charles de Courbes (c. 1580 † ap. 1628), esleu & lieutenant particulier, organiste de l’église Saint-Sauveur de Paris.
Christe qui lux es et dies – HYMN. ad completorium in Quadrages. Traduction de l’autheur.
4 voix (SATB).
4 pages.

“L’amateur” éclairé que fut le Sieur de Courbes, élu & lieutenant particulier (qui fut néanmoins à la fin de sa vie organiste de l’église Saint-Sauveur de Paris), publie ses compositions chez Pierre Ballard en 1622 : “Cantiques spirituels nouvellement mis en musique à IIII, V, VI, VII et VIII parties”. Une bonne part de cet ouvrage est consacrée à la mise en musique d’hymnes de l’Eglise, lesquelles peuvent se chanter sur leur texte latin aussi bien que sur une traduction réalisée par l’auteur. Influencées par la chanson française, les hymnes de Charles de Courbes témoignent aussi de l’aspiration générale à plus de clarté dans les compositions musicales liturgiques qui se fait jour après le Concile de Trente. Elles reflètent également les spéculations rythmiques conduites quelques années auparavant par les auteurs de la Pléiade et par Jean-Antoine de Baïf en particulier.

Charles de Courbes met ici en musique à quatre voix l’hymne antique Christe qui lux es et dies, hymne chantée aux complies de Carême, selon l’ancien rit parisien. Vous trouverez sur notre site l’histoire liturgique et musicale de cette hymne.

Charles de Courbes utilise toujours le matériel préexistant du plain-chant comme substrat pour écrire ses hymnes, de sorte que sa musique peut être également utilisée en alternance avec celle du plain-chant. Ici, l’auteur choisit le ton de sol mineur, la transcription la plus fréquente sous l’Ancien Régime pour noter le second ton ecclésiastique. Et en effet, la mélodie parisienne (de faite en usage un peu partout en France) de Christe qui lux et dies est en effet un second ton ecclésiastique.

Voici la traduction française des élégants dimètres iambiques de Christe qui lux es et dies réalisée par Charles de Courbes et insérée dans l’édition de ses œuvres musicales en 1622 :

Christe qui lux es & dies,
Noctis ténebras détegis,
Lucísque lumen créderis,
Lumen beátum prædicans.
Christ lumière, & jour apparent,
Toutes ténèbres découvrant,
Qui, splendeur de splendeur, est né,
Prêchant la divine clarté.
Precámur, sancte Dómine,
Defénde nos in hac nocte :
Sit nobis in te réquies,
Quiétam noctem tríbue.
Tres-saint Seigneur, doux Jésus-Christ,
Défend-nous durant cette vie :
Si bien qu’en toi ayons repos,
Et douce vie par ton saint laus.
Ne gravis somnus írruat,
Nec hostis nos surrípiat :
Nec caro illi conséntiens
Nos tibi reos státuat.
Non d’un tel profond somme épris,
Que de Satan fussions surpris :
Notre chair n’adhère à ses faits,
Qu’à toi ne nous accuse, infects.
Oculi somnum cápiant,
Cor ad te semper vígilet :
Déxtera tua prótegat
Fámulos qui te díligunt.
Que si notre œil est sommeillant,
Le coeur soit à toi surveillant :
Ta dextre soit l’appui constant,
De tes élus qui t’aiment tant.
Defénsor noster, áspice,
Insidiántes réprime :
Gubérna tuos fámulos
Quos sánguine mercátus es.
Sois donc notre bon défenseur,
Réprime des malins le cœur,
Régi tes servants affectés,
Que par ton sang as rachetés.
Meménto nostri, Dómine,
In gravi isto córpore :
Qui es defénsor ánimæ,
Adesto nobis, Dómine.
O Seigneur, souviens toi de nous,
En ce corps grave & si reboux,
Toi, de nos âmes, défenseur,
Assiste-nous, ô cher Sauveur.
Deo Patri sit glória,
Ejusque soli Fílio,
Cum Spirítu Paráclito,
Et nunc et in perpétuum. Amen.
A Dieu le Père soit honneur,
Et à son Fils notre Seigneur,
Au Saint Esprit semblablement,
Ores & perdurablement. Amen.

Les premières mesures de cette partition :

Christe qui lux es et dies - hymne de Complies en Carême - musique de Charles de Courbes

Notre partition présente les sept strophes notées à la suite sous la polyphonie de Charles de Courbes. Toutefois, afin d’éviter qu’une monotonie ne s’installe en chantant les sept strophes sur la même polyphone, nous conseillons d’alterner la polyphonie de Charles de Courbes avec le plain-chant grégorien utilisé dans les livres parisiens depuis le heut Moyen-Age. Nous vous offrons également une réduction des voix au clavier pour faciliter éventuellement l’accompagnement de cette partition.

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Charles de Courbes, Christe qui lux es et dies – partition de chœur avec toutes les strophes notées sous la même polyphonie
Charles de Courbes, Christe qui lux es et dies – partition d’accompagnement à l’orgue, avec réduction des quatre parties vocales

 

Templa panduntur – hymne de sainte Geneviève en usage à Saint-Etienne-du-Mont

Templa panduntur - hymne de l'office nocturne de sainte Geneviève propre à Saint-Etienne-du-Mont

Templa panduntur - hymne de l'office nocturne de sainte Geneviève propre à Saint-Etienne-du-Mont

Templa panduntur – Cette hymne du Ier ton de l’office nocturne de la fête de sainte Geneviève le 3 janvier est tirée de l’office propre de l’église paroissiale parisienne de Saint-Etienne-du-Mont, laquelle jouxtait l’ancienne abbatiale de Sainte-Geneviève, ruinée à la révolution. Ce propre fut publié au XVIIème siècle : un volume noté (sans date) et un texte latin imprimé avec une traduction française “chez Prault Père, Quai de Gêvres, au Paradis, et à la Maîtrise des Enfants de Chœur de S. Etienne” en 1777. La même hymne se retrouve au propre de la toute nouvelle basilique Sainte-Geneviève en 1765, alors qu’elle est toujours en construction (la première pierre fut posée par le roi Louis XV le 6 septembre 1764). Il est probable que cette hymne fut aussi antérieurement en usage à l’Abbaye de Sainte-Geneviève des Chanoines réguliers de la Congrégation de France (Génovéfains).

L’auteur de l’hymne Templa panduntur ne nous est pas connu. Il n’est pas impossible qu’il puisse être le P. Pinchon, chanoine régulier de l’Abbaye de Sainte-Geneviève au XVIIIème siècle, qui composa les textes des hymnes Gallicæ custos et Cœlo receptam plaudite Cœlites passées dans le Bréviaire de Mgr de Vintimille en 1736.

En voici le texte et une traduction du XVIIIème siècle (avec quelques corrections de détails apportées à cette traduction au XIXème siècle) :

Templa pandúntur ; facilis clientum
Audiat festos Genovefa cantus,
Quæ vigil templo solidas amabat
Ducere noctes.
Le temple s’ouvre ; que nos vœux soient reçus favorablement par Geneviève qui aimait passer les nuits entières à y prier.
Hostis extincta stygiu lucerna,
Nocte pergentem cohibere tentet ;
Luditur : sacro rediviva flatu
Flamma resurgit.
En vain l’esprit infernal veut-il l’arrêter, en éteignant la lumière qui éclaire ses pas durant la nuit ; elle se rit de sa malice : un souffle miraculeux ranime la lampe qu’il avait éteinte.
Molle dum mactat, sibi dura, corpus,
Curat ægrotos ope, veste nudos ;
Seque defaudat, seges unde major
Crescat egenis.
Dure à elle-même, tandis qu’elle immole son corps à la pénitence, elle fournit des secours aux malades, des habits à ceux qui sont nus ; elle retranche de son nécessaire pour donner plus abondamment aux indigents.
Integram vitæ scelerata mordent
Ora ; Germani siluere jussu :
Mox et insontem potiore signo
Sentiet orbis.
Des bouches envenimées s’ouvrent pour la décrier ; Germain leur impose silence, et bientôt le plus éclatant miracle atteste à l’univers son innocence.
Numinis vindex patiens vocari
Hunnus, algentem fugit acer arcton,
Et Parisinis truculentus instat
Attila muris.
Attila, le roi des Huns, regardé de tous et se regardant lui-même comme le fléau de Dieu, accourt avec rapidité des régions glacées du nord ; il s’avance plein de fureur, et menace Paris d’une ruine prochaine.
Palluit civis, prece Virgo pugnat :
Barbarus ponit fera corda prædo :
It tremor castis ; fugat impotentes
Agna leones.
Le citoyen tremble ; Geneviève combat par la prière et déjà le barbare conquérant s’adoucit, la terreur se répand dans son camp, et une innocente brebis met en fuite ces lions furieux.
Efficax Hunni prohibere turmas,
Diva, ne blando superemur hoste ;
Cordis insanos, quibus æstuamus,
Pelle furores.
Vous avez le pouvoir d’arrêter les bataillons des Huns : ô sainte Patronne, que l’ennemi du salut ne triomphe pas de nous par ses artifices ; éloignez les passions furieuses qui bouillonnent dans notre cœur.
Summa laus Patri, genitoque Verbo,
Et tibi compar utriusque nexus,
Qui tuo, victor, sata nocte monstra
Lumine terres. Amen.
Gloire soit au Père ; gloire soit au Fils ; gloire à l’Esprit saint qui, par sa lumière, met en fuite les monstres qu’enfante l’esprit des ténèbres. Amen.

Fichier PDF imprimable pour le chœur.

L’hymne Templa panduntur
Edition du XVIIIème siècle des offices propres de Saint-Etienne-du-Mont
(Bibliothèque Sainte-Geneviève Delta 65154 Res) :

Templa panduntur - hymne de l'office nocturne de sainte Geneviève propre à Saint-Etienne-du-Mont

Cælitum consors – Hymne parisienne de la fête de sainte Geneviève

Cælitum consors - Hymne de sainte Geneviève

Cælitum consors - Hymne de sainte Geneviève

Cælitum consors est une hymne en l’honneur de sainte Geneviève dont le texte fut écrit par le R. P. Denis Pétau, s.j. (1583 † 1652), l’un des plus célèbres théologiens et philologues français du XVIIème siècle. Elle entra dans le Bréviaire de Paris, qui n’employait jusqu’alors que les hymnes du commun des Vierges non martyres pour la fête de sainte Geneviève, en 1680, lors des réformes de Mgr François de Harlay de Champvallon (1625 † 1695). Elle sert alors pour les Ières et IIndes vêpres, ainsi que pour les nocturnes. Elle conserve sa place aux Ières vêpres & aux nocturnes dans le bréviaire de Mgr de Vintimille de 1736, qui ajoute une nouvelle hymne – Cœlo receptam plaudite Cœlites – aux IIndes vêpres. En voici le texte latin avec une belle traduction versifiée dûe à Charles Coffin (1676 † 1749), recteur de l’Université de Paris :

Cælitum consors, patriæque vindex,
Prósperum Francis jubar : ô tuórum
Vota suprémi, Genovéfa, perfer
Regis ad aurem.
O Compagne des Saints ! gloire de la patrie,
Bel astre de la France, & soutien de la Foi,
Daignez porter nos vœux, Vierge de Dieu chérie,
Au trône du grand Roi.
Cujus ætérnis opulénta donis
Sponsa, cœlestes thálamos adísti,
Dum suo numquam caritúra lampas.
Ardet olívo.
De ses dons enrichie, épouse bien aimée,
Vous entrez triomphante en son brillant palais :
De son feu toujours pur, votre lampe enflammée,
Ne s’éteindra jamais.
Primus ætátis superánte captum
Impetu gliscens pietátis ardor
Imbuit pectus, tenerísque raptim
Crevit ab annis.
Une piété rare, & surpassant votre âge,
Vous embrasa pour lui de la plus vive ardeur ;
Et croissant chaque jour, son amour sans partage
Remplit tout votre cœur.
Quid dapis parcum laticísque corpus
Eloquar, duro dómitum cubíli,
Sæре & insomnes sólitum precándo
Dúcere noctes.
Aux jeûnes, au travail vous vous livrez entière.
La nuit, vos yeux veillans attendent le soleil ;
Et sur un ais très-dur, votre douce prière,
Vous tient lieu de sommeil.
Quam tuis virgo précibus remótæ
Obtinent gentes, pátriæ salútem
Confer ; offénsi tumidásque flecte
Núminis iras.
Ce que tant d’étrangers, dont vous êtes la mère,
Obtiennent par vos soins, Vierge obtenez-le nous.
Lorsque le Dieu vengeur nous frappe en sa colère,
Désarmez son courroux.
Nostra te summum célebrent Paréntem,
Ora te summo génitum Parénte,
Par sit ambórum tibi laus per omne
Spíritus, ævum. Amen.
Que nos bouches s’ouvrant pour chanter vos louanges,
Père, Fils, Esprit Saint, vous célèbrent tous trois :
Et qu’avec Geneviève, aux cantiques des Anges,
Nous unissions nos voix.

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Cælitum consors - Hymne de sainte Geneviève - Antiphonaire parisien manuscrit de 1698 (BnF Latin 10497)
Cælitum consors – Hymne de sainte Geneviève – Antiphonaire parisien manuscrit de 1698 (BnF Latin 10497)
Cælitum consors - Hymne de sainte Geneviève - Antiphonaire & graduel  à l'usage des diocèses qui suivent le rit parisien, Dijon 1827)
Cælitum consors – Hymne de sainte Geneviève – Antiphonaire & graduel à l’usage des diocèses qui suivent le rit parisien, Dijon 1827)

Iste Confessor patriarcha magnus – hymne de saint Joseph tiré des livres du rit Prémontré

Iste confessor patriarcha magnus
Hymnus a sæc. XVI.

 
Iste confessor patriarcha magnus - hymne de saint Joseph tiré des livres du rit Prémontré

1. Iste Confessor, patriarcha magnus,
De domo David generosus hæres,
Dignus auctoris, hominum vocari,
Est pater almus.
1. Ce Confesseur, grand patriarche,
de la maison de David généreux héritier,
est digne d’être appelé
le père nourricier de l’Auteur des hommes.
2. Qui manens justus, placitus supernis,
Regis æterni fuit almæ Matris
Sponsus et custos Mariæ pro nobis
Cuncta regentis.
2. Tout en demeurant juste et agréable au ciel,
il fut pour nous l’Epoux et le gardien de Marie,
la Mère du Roi éternel
qui gouverne toutes choses.
3. Ipse Bethleem pariente Sponsa,
Vidit, agnovit Dominum jacentem,
Quem adoravit hominem Deumque
Cuncta levantem.
3. Au moment où à Bethléem son épouse arriva à son terme,
il vit et reconnut le Seigneur couché
et l’adora comme l’Homme-Dieu
qui soutient toutes choses.
4. Sit salus Christo decus potestas,
Patris æterni Genito perenni,
Qui pro humani generis salute
Est homo factus. Amen.
4. Salut, honneur et puissance au Christ,
au Fils éternel du Père éternel,
qui pour le salut du genre humain
s’est fait homme. Amen.

Livret PDF téléchargeable.

Source : d’après Cantus selecti, Solesmes, 1957, p. 193*.

Guillaume Bouzignac (Attr.) – Audi benigne Conditor – hymne du Carême

Attribuable à Guillaume Bouzignac (c. 1587 † ap. 1643), maître de chapelle des cathédrales d’Angoulême, de Bourges, de Rodez, de Clermont-Ferrand & de la collégiale Saint-André de Grenoble.
Audi benigne Conditor – alternances polyphoniques de l’hymne du Carême
6 voix mixtes (SSATTB).
8 pages – La mineur.

Cette hymne des vêpres de Carême est tirée du manuscrit Deslauriers (Bnf Vma ms 571) lequel contient de très nombreuses compositions musicales du XVIIème siècle, pour la plupart anonymes ; le nom des compositeurs est sporadiquement indiqué à la fin de certaines pièces. La critique musicologique moderne a permis toutefois d’en attribuer un nombre important à Bouzignac d’une part, et à Boesset de l’autre.

Ce manuscrit comporte plusieurs alternances polyphoniques pour les hymnes de l’office divin. L’unité stylistique de leur écriture et leur conformité avec celle de Bouzignac incline à lui en attribuer la paternité.

C’est le cas pensons-nous de ces riches alternances pour les strophes impaires de l’hymne du Carême – Audi benigne Conditor – dont le texte fut rédigé au VIème par le pape saint Grégoire le Grand (c. 540 † 604). L’écriture est à six parties et peut-être comparée à Ignis vibrante lumine de la Pentecôte, éditée sur ce site.

Le cantus firmus du plain-chant est donnée à la partie de basse taille, aussi la musique de ces alternances polyphoniques est-elle écrite dans le IInd ton ecclésiastique. Le manuscrit ne note bien sûr que la première strophe. Nous proposons l’intégralité de l’hymne avec des alternances pour les strophes impaires soit en utilisant le plain-chant (ton romain reçu, transposé en la mineur), soit en demi-chœurs des voix basses ou des voix hautes.

Audi benigne Conditor
Nostras preces cum fletibus,
In hoc sacro jejunio
Fusas quadragenario.
Créateur plein de bonté, écoutez les prières, & regardez les larmes dont nous accompagnons le jeûne sacré de cette sainte quarantaine.
Scrutator alme cordium,
Infirma tu scis virium:
Ad te reversis exhibe
Remissionis gratiam.
Père des miséricordes, scrutateur des cœurs, vous connaissez notre faiblesse; pardonnez à des enfants qui reviennent sincèrement à vous.
Multum quidem peccavimus,
Sed parce confitentibus:
Ad laudem tui nominis
Confer medelam languidis.
Il est vrai que nous avons beaucoup péché; mais pardonnez-nous, en considération de l’humble aveu que nous vous en faisons; & pour la gloire de votre nom, guérissez nos âmes malades.
Sic corpus extra conteri
Dona per abstinentiam,
Jejunet ut mens sobria
A labe prorsus criminum.
Faites que, pendant que nos corps seront mortifiés par l’abstinence, nos âmes par un jeûne plus saint, s’abstiennent de tout péché.
Præsta beata Trinitas,
Concede simplex Unitas:
Ut fructuosa sint tuis
Jejuniorum munera. Amen.
O bienheureuse Trinité, qui êtes un seul Dieu, que votre grâce rende utile à vos serviteurs l’offrande qu’ils vous font de leurs jeûnes. Amen.

Les premières mesures de cette partition :

Audi benigne Conditor - hymne du Carême - Guillaume Bouzignac

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Audi benigne Conditor - partition dans le manuscrit Deslauriers
Audi benigne Conditor – partition dans le manuscrit Deslauriers

Audi benigne Conditor - hymne des vêpres du Carême par Guillaume Bouzignac

Iesu dulcedo cordium – hymne du saint Nom de Jésus pour le Précieux Sang

Iesu dulcedo cordium
Jubilus rythmicus de Nomine Jesu

 
Iesu dulcedo cordium - hymne pour le Précieux Sang

1. Iesu dulcedo cordium
Fons veri lumen méntium
Excedens omne gáudium
Et omne desidérium.
1. Jésus, douceur des cœurs,
Source vive, lumière des esprits,
Dépassant toute joie
Et tout désir.
2. Hoc probat ejus Passio,
Hoc sánguinis effúsio,
Per quam nobis redémptio
Datur, et Dei vísio.
2. Sa Passion le prouve,
Cette effusion de sang
Par laquelle nous est donnée
la Rédemption et la vision de Dieu.
3. Qui te gustant esúriunt ;
Qui bibunt, adhuc sítiunt ;
Desideráre nésciunt
Nisi Jesum, quem díligunt.
3. Ceux qui te mangent ont faim,
Ceux qui te boivent ont encore soif
Car ils ne savent rien désirer d’autre
Sinon Jésus qu’ils aiment.
4. Quem tuus amor ébriat,
Novis quid Jesus sápiat,
Quam felix est, quem sátiat !
Non est ulta quod cúpiat.
4. Quiconque s’enivre de ton amour
Sait que Jésus est doux,
Combien heureux, celui qu’il rassasie,
Il ne désire rien au delà.
5. Jesus ad Patrem rédiit,
Cœléste regnum súbiit ;
Cor meum a me tránsiit,
Post Jesum simul ábiit.
5. Jésus est retourné vers le Père,
Il est entré au Royaume des Cieux.
Mon cœur me quitte
Pour s’en aller aussi à la suite de Jésus.
6. Quam grata, quam vernántia,
Quam méllita, quam fúlgida
Sunt Jesu Christi vúlnera !
Hunc decet laus per sæcula.
Amen.
6. Combien précieuses, combien vivifiantes,
combien douces, combien lumineuses
sont les plaies du Christ !
A elles soit la louange pour les siècles.
Amen.

Cette hymne est formée de six strophes extraites du Jubilus rythmicus de Nomine Jesu, long poème de 53 strophes vraisemblablement composé par saint Bernard, abbé de Clairvaux (1099 † 1153). Si certains critiques ont remis en cause l’attribution de ces stances à saint Bernard, les manuscrits médiévaux qui le contiennent attribuent bien ce long poème à l’abbé de Clairvaux une cinquantaine d’années après sa mort, dès le XIIIèmeIesu dulcis memoria -ont été utilisés pour constituer les hymnes de la fête du saint Nom de Jésus : Iesu dulcis memoria pour les vêpres, Iesu rex admirabilis pour les matines, Iesu decus angelicum pour les laudes.

Beaucoup des 53 strophes du Jubilus rythmicus de Nomine Jesu ont été mises en musique par les maîtres de la polyphonie italienne du XVIème et XVIIème siècle, comme Palestrina et Victoria.

Nous avons sélectionné ici les strophes 4, 13, 20, 21, 47 et 51 qui chantent plutôt le Sang du Christ, afin d’en faire une pièce qui pourra être chantée au salut ou bien comme motet durant la messe, lors de la fête du Précieux Sang (1er juillet). Le plain-chant est celui utilisé pour les hymnes de la fête du Saint Nom de Jésus.

O nata lux de lumine – hymne de la Transfiguration du Bienheureux Pierre le Vénérable

Hymne O nata lux de lumine pour la fête de la Transfiguration composé par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny
Hymne O nata lux de lumine pour la fête de la Transfiguration composé par Pierre le Vénérable, abbé de Cluny

1. O nata lux de lúmine,
Iesu, redémptor sæculi,
Dignáre clemens súpplicum
Laudes precésque súmere.
1. Lumière née de la lumière,
Jésus, rédempteur du monde,
nous t’en supplions, daigne accueillir dans
ta clémence nos louanges et nos prières.
2. Qui carne quondam cóntegi
Dignátus es pro pérditis,
Nos membra confer éffici
Tui beáti córporis.
2. Tu as daigné jadis revêtir la chair
pour sauver ceux qui étaient perdus :
fais-nous devenir les membres
de ton corps glorifié.
3. Præ sole vultu flámmeus,
Vt nix amíctu cándidus,
In monte dignis téstibus
Apparuísti cónditor.
3. Le visage plus flamboyant que le soleil,
les vêtements plus éblouissants que la neige,
sur la montagne tu t’es manifesté comme
le créateur devant de dignes témoins.
4. Vates alúmnis ábditos
Tuis vetústos cónferens,
Utrísque te divínitus
Deum dedísti crédere.
4. Confrontant les anciens prophètes
disparus aux tiens,
tu as donné à tous divinement
de croire en ta divinité.
5. Te vox patérna cœlitus
Suum vocávit Fílium,
Quem nos fidéli péctore
Regem fatémur glóriæ.
5. La voix du Père venue du ciel
t’a appelé son Fils,
toi que notre cœur fidèle
proclame roi céleste.
6. Concéde nobis quæsumus
Almis micáre móribus
Ut ad polórum gáudia
Bonis vehámur áctibus.
6. Accorde-nous, nous te le demandons,
de briller par une vie attentive,
afin qu’aux joies célestes,
nous soyons emportés par nos bonnes actions.
7. Laudes tibi nos pángimus,
Ætérne regum Rex Deus,
Qui es Trinus et Dóminus,
Per cuncta regnans sæcula. Amen.
7. Nous chantons nos louanges pour toi,
Eternel Roi des rois, Dieu,
Qui es Trine et Seigneur
Régnant pour tous les siècles. Amen.

La célébration de la Transfiguration du Seigneur au 6 août – 40 jours avant la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix le 14 septembre – est attestée à Jérusalem à partir du milieu du VIIème siècle, et se répandit de là en Orient (la fête semble s’implanter à Constantinople au temps de l’empereur Léon VI le Sage (866 † 912) aussi bien qu’en Occident (un évêque espagnol du nom d’Eldefonse estime, en 845, que tous les fidèles doivent communier ce jour-là comme pour Noël et l’Ascension ; le Martyrologe de Wandelbert de Prùm rédigé en vers aux alentours de 850 & le calendrier en marbre de Naples du IXème siècle la connaissent). Plusieurs diocèses et abbayes occidentaux l’adoptèrent à partir du Xème siècle, la célébrant à la date du 6 août (à l’exception notable de beaucoup de diocèses de France et d’Angleterre qui adoptèrent tout d’abord la date du 27 juillet, probablement afin de préserver la fête plus ancienne en Occident de saint Sixte). Rome fut lente à recevoir cette fête, surtout parce que dans le rit romain, la Transfiguration est de longue date célébrée le samedi des Quatre-Temps de Carême (et reprise le lendemain, second dimanche de Carême), et que le 6 août voyait déjà la fête du saint pape & martyr Sixte II, qui avec ses sept diacres (dont saint Laurent) fut l’une des victimes les plus marquantes de la terrible persécution de Valérien. Ce n’est qu’en 1457 que le pape Calixte III inscrivit au 6 août du calendrier de l’Eglise de Rome la fête de la Transfiguration, en action de grâces pour l’éclatante victoire de Belgrade remportée contre les Turcs et obtenue le 6 août 1456.

L’ordre de Cluny a adopté la fête de la Transfiguration du Seigneur en 1132, sous l’abbatiat du Bienheureux Pierre de Montboissier, plus connu sous le surnom que lui donna l’empereur Frédéric Barberousse de Pierre le Vénérable, et qui fut, du 22 août 1122 à sa mort survenue le 25 décembre 1156, le neuvième abbé du puissant ordre de Cluny.

Théologien fécond et grand abbé, Pierre le Vénérable a laissé une œuvre intellectuelle étendue et de grande qualité (il fut le premier à organiser la traduction du Coran (Lex Mahumet pseudoprophetæ) en latin afin de pouvoir développer des ouvrages d’apologétique contre les erreurs musulmanes), ainsi que le souvenir d’une vie marquée par la charité (il envoya la dépouille mortelle d’Abelard qu’il avait absout à l’abbaye du Paraclet où Héloïse était abbesse).

Non content d’inscrire la fête de la Transfiguration du Seigneur au calendrier de son ordre, Pierre le Vénérable en établit l’office : il repris les antiennes de l’antiphonaire romain qui chantaient déjà la Transfiguration pendant le Carême et compléta ce qui manquait afin d’obtenir un office monastique complet, y ajoutant, outre les antiennes nécessaires, les hymnes, le répons des Ières vêpres et les 12 répons nécessaires au chant l’office nocturne bénédictin. S’inscrivant parfaitement dans le cadre reçu de la tradition antique de l’office romain, l’office de la Transfiguration de Pierre le Vénérable est un sommet de la liturgie médiévale : fermement fondé sur l’Ecriture Sainte, il conserve la sobriété caractéristique du rit romain, sans céder aux épanchements ampoulés qui grèvent parfois les compositions liturgiques médiévales.

De Pierre le Vénérable on garde également une lettre aux moines latins du mont Thabor ainsi qu’un magnifique sermon qu’il a laissé sur le mystère de la Transfiguration, qui, avec l’office, marquent l’importance qu’avait la contemplation du Christ en gloire dans sa vie spirituelle.

L’ordre de Cluny devait être par la suite un artisan efficace de la propagation de la fête du 6 août, surtout dans les milieux monastiques dans un premier temps :

Les moines d’Occident rejoignent ceux d’Orient pour faire du Christ en gloire l’Icône de leur propre vie, qui doit consister à se laisser transfigurer par la lumière du Ressuscité.”
Pierre Jounel.

S’il est bien une fête qui, avec celles de Noël et de Pâques, est chère aux Clunisiens et dit quelque chose de leur spiritualité et de leur prière, c’est la Transfiguration. Le Christ qui, sur le mont Thabor,
avant même sa Passion et sa Résurrection, se révèle en gloire aux apôtres Pierre, Jacques et Jean et les inonde de sa clarté, est le même que le Christ dans la gloire de sa Résurrection, auquel s’adresse la liturgie clunisienne avec le faste d’un cérémonial de cour, ou que le Christ en majesté, que les moines peuvent contempler, sculpté au tympan ou peint dans l’abside de leur grande église, ou encore dans la chapelle de Berzé-la-Ville. La fête de la Transfiguration apparaît peut-être, en quelque sorte, comme le point focal de la vie liturgique et contemplative des Clunisiens.”
Thierry Barbeau, Prières de Cluny.

L’hymne O nata lux de lumine que nous transcrivons ci-dessus a été composée par Pierre le Vénérable pour les Ières et IIndes ainsi que pour les laudes de la fête de la Transfiguration. Les vers sont très classiquement écrits en dimètres iambiques, le mètre ambrosien par excellence. La mélodie – du VIIIème ton – est empruntée à l’hymne Placare Christe servulis de la fête de la Toussaint. Les antiphonaires de Cluny qui subsistent sont relativement nombreux, nous avons établi le texte et la mélodie sur un manuscrit de la fin du XIIème siècle provenant du scriptorium de l’Abbaye de Cluny (Miscellanea secundum usum ordinis Cluniacensis, Bnf Latin 17716, folio 8 recto) :

Miscellanea secundum usum ordinis Cluniacensis - folio 8 r° : début de l'office de la Transfiguration composé par Pierre le Vénérable.
Miscellanea secundum usum ordinis Cluniacensis – folio 8 r° : début de l’office de la Transfiguration composé par Pierre le Vénérable.

Cette hymne ne fut pas reprise par la suite par le Bréviaire romain, qui ultérieurement utilisa pour les offices du 6 août des strophes judicieusement choisies de l’hymne de l’Epiphanie composée au IVème par le grand poète chrétien espagnol Prudence.

Plain-chant dominicain – Nativité de saint Jean-Baptiste – Hymne Ut queant laxis

Die 24 Junii
In Nativitate S. Ioannis Baptistæ
Ad vesperas. Hymnus.

Hymne - Ut queant laxis -  ton 2

UT queant laxis REsonáre fibris
MIra gestórum FAmuli tuórum,
SOLve pollúti LAbii reátum
Sancte Ioánnes.
Pour que tes serviteurs puissent chanter à pleine voix les merveilles de ta vie, efface le péché qui souille leurs lèvres, saint Jean !
Núntius celso véniens Olympo
Te patri magnum fore nascitúrum,
Nomen, et vitæ sériem geréndæ
Ordine promit.
Un messager venu du haut du ciel dévoile à ton père ta naissance, ta grandeur future, ton nom, et tout le déroulement de ta vie.
Ille, promíssi dubius supérni,
Pérdidit promptæ módulos loquélæ :
Sed reformásti génitus perémptæ
Organa vocis.
Mais lui, doutant des promesses célestes, perdit le libre usage de sa langue ; par ta naissance, tu lui rendis la voix qu’il avait perdue.
Ventris obstrúso pósitus cubíli,
Sénseras Regem thálamo manéntem :
Hinc parens nati méritis utérque
Abdita pandit.
Enfermé dans le sein de ta mère, tu avais reconnu la présence du roi dans sa chambre nuptiale ; aussi tes parents ont-ils tous deux, par les mérites de leur fils, révélé des mystères cachés.
Láudibus cives célébrent supérni
Te Deus simplex, paritérque trine :
Súpplices et nos véniam precámur :
Parce redémptis. Amen.
Les habitants du Ciel te célèbrent par leurs louanges, toi Dieu un et trine à la fois. Nous aussi nous venons prier et te supplions d’avoir pitié de ceux que tu as rachetés. Amen.

Cette célèbre hymne de la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste, à vêpres, fut écrite par Paul Diacre au VIIIème siècle. Les premières lettres de chacun des vers de la première strophe ont servi à donner leurs noms aux notes de musique.

Rit parisien – Beata nobis gaudia – Hymne de saint Hilaire de Poitiers pour la Pentecôte

In Festo Pentecostes
Ad vesperas, Hymn.


1. Beáta nobis gáudia
Anni redúxit órbita,
Cum Spíritus Paráclitus
Effúlsit in discípulos.
C’est une bienheureuse joie
Que le cours de l’année nous ramène,
Quand l’Esprit Paraclet
Fulgura sur les disciples.
2. Ignis vibránte lúmine
Linguæ figúram détulit,
Verbis ut essent próflui,
Et caritáte férvidi.
Il répandit de vibrants rais de feu
Sous la forme de langues
Afin qu’ils fussent prodigues en paroles
Et débordants d’amour.
3. Linguis loquúntur ómnium,
Turbæ pavent Gentílium :
Musto madére députant
Quos Spíritus repléverat.
Ils parlent toutes les langues,
Etonnant la foule des Gentils ;
Lesquels croient ivres d’un vin nouveau
Ceux que l’Esprit a remplis.
4. Patráta sunt hæc mystice,
Paschæ perácto témpore,
Sacro diérum número,
Quo lege fit remíssio.
Cela fut accompli
Quand s’acheva le temps de Pâques
Cycle de cinquante jours qui figurent
Mystiquement le jubilé de la Loi.
5. Te nunc Deus piíssime
Vultu precámur cérnuo,
Illápsa nobis cœlitus
Largíre dona Spíritus.
Et maintenant, Dieu très bon,
Nous te prions, en prosternant nos faces,
De nous dispenser les dons de l’Esprit
Que tu répandis depuis les cieux.
6. Dudum sacráta péctora
Tua replésti grátia :
Dimítte nostra crímina,
Et da quiéta témpora.
Tu emplis jadis leurs cœurs
De ta sainte grâce ;
Remets-nous nos crimes
Et donne-nous des temps paisibles.
7. Glória Patri Dómino,
Natóque, qui a mórtuis
Surréxit, ac Paráclito,
In sæculórum sæcula. Amen.
Gloire au Seigneur : au Père
Et au Fils, qui des morts
Est ressuscité, et au Paraclet,
Dans les siècles des siècles. Amen.

Source : Antiphonaire de Notre-Dame de Paris (c. 1300) – F-Pn lat. 15181 f°343 r°. – Cantus ID: 008273.

Cette hymne de la Pentecôte est de saint Hilaire de Poitiers, Père de l’Eglise du IVème siècle.

Le Bréviaire de Paris l’emploie pour les Ières et IIndes vêpres de la Pentecôte, ainsi que pour les vêpres de chaque jour de l’octave de la Pentecôte. Les Dominicains l’emploient de même pour les deux vêpres de la Pentecôte, comme l’ancien usage d’York, tandis que ceux de Sarum & de Canterbury ne l’ont qu’aux secondes vêpres.

Le rit romain emploie la même hymne pour l’office du matin, de même que le rit mozarabe (et pour toute l’octave). Cette hymne était employée à l’office nocturne dans l’usage de Worchester, tandis que les Cisterciens la chantent aux complies. L’ancien rit de Bénévent ne l’utilisait que pour le jour octave de la Pentecôte. L’ancien hymnaire des Chartreux ne la connait pas.

Le plain-chant parisien ci-dessus est typiquement français et diffère notablement du chant en usage dans les livres romains ou dominicains. Il est intéressant de noter que c’est ce plain-chant qui est systématiquement utilisé par les compositeurs français du XVIIème siècle :

Henry du Mont – Aurea luce / O Felix Roma

Henry du Mont (1610 † 1684), sous-maître de la chapelle royale, maître de la musique de la Reine, organiste de Saint-Paul & du duc d’Anjou.
Aurea luce / O Felix Roma – Hymnus in Festo SS. Apostolorum Petri & Pauli.
2 voix mixtes ou égales (AT ou SA) & basse continue.
2 pages.

Parmi ses fameux Cantica Sacra, véritables petits bijoux publiés chez Ballard en 1652 et réédités en 1662, Henry du Mont propose une mise en musique de la troisième strophe de l’hymne des vêpres des saints Apôtres Pierre & Paul sous forme de petit motet à deux voix. Cette hymne ne comporte que quatre strophes, et Henry du Mont prend soin de préciser que sa strophe en musique s’insère dans l’alternance régulière entre l’orgue & le plain-chant du chœur de la façon suivante :

  • Primus versus. Aurea luce. pro Organo.
  • Secundus versus. Ianitor cæli, pro Choro.
  • Tertius versus. O felix Roma. [pro Musica].
  • Quartus versus. Sit Trinitati. pro Choro.
  • Amen. pro Organo.

Cette hymne est du IVème ton, aussi très logiquement Henry du Mont écrit-il sa strophe en musique en La mineur, tonalité la plus proche de ce ton ecclésiatique. Voici du reste le plain-chant de cette hymne d’après une édition du XVIIème siècle :

AureaLuce

Voici le texte de cette hymne et sa traduction française :

Aurea luce, & decore róseo,
Lux lucis omne perfudisti sæculum,
Decorans cœlos inclyto martyrio
Hac sacra die, quæ dat reis véniam.
La brillante lumière de l’éternité baigne de ses bienfaisants rayons ce jour glorieux, qui couronne le martyre illustre, et ouvre aux pécheurs une source de grâces célestes.
Janitor cœli, Doctor orbis pariter,
Judices sæcli, vera mundi lúmina ;
Per crucem alter, alter ense triumphans,
Vitæ senatum laureati possident.
Porteur des clefs du ciel et Docteur du monde, juges des siècles, lumières véritables pour le monde, vous êtes vainqueurs, le premier par la croix, le second par le glaive : ceints de lauriers immortels, vous prenez place au sénat de la vie.
O Felix Roma, quæ tantorum Principum
Es purpurata pretioso sanguine !
Non laude tua, sed ipsorum meritis
Excellis omnem mundi pulchritudinem.
O heureuse Rome, qui a été consacrée par la pourpre précieuse du sang de ces deux Princes ! Non par ta beauté, mais par leurs mérites, tu surpasses toutes les cités du monde.
Sit Trinitati sempiterna glória ;
Honor, potestas, atque jubilátio,
In unitate, cui manet imperium
Ex tunc, et modo, per æterna sæcula.
A la Trinité éternelle soient gloire, honneur, puissance & jubilation, à elle qui, dans l’unité, gouverne toutes choses, maintenant & à travers les siècles.
Amen. Ainsi soit-il

Nous vous proposons la partition d’Henry du Mont dans sa tonalité originelle de La mineur (pour Altus & Tenor) ainsi que dans une transposition une quarte plus haut (pour Superius & Cantus).

Les premières mesures de cette partition :

Henry du Mont - O felix Roma

 
Cliquer sur ce lien pour ouvrir & télécharger la partition en fichier PDF – ton originel en La mineur (Altus & Tenor).
Cliquer sur ce lien pour ouvrir & télécharger la partition en fichier PDF – ton transposé en Ré mineur (Superius & Altus)

 

La partie de l’Altus vel Superius dans la réédition de 1662.
La partie de l’Altus vel Superius dans la réédition de 1662.