Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Annonce de la canonisation des 813 bienheureux martyrs d’Otrante

La chapelle conservant les reliques des Martyrs dans la cathédrale d'Otrante

Le pape Benoît XVI devrait annoncer ce lundi la convocation d’un consistoire, probablement pour octobre prochain, destiné à la canonisation de 815 nouveaux saints, sans doute, et de mémoire, le plus grand nombre de saints canonisés en une seule fois ! Outre deux religieuses, la Colombienne Mère Laura (la première Colombienne jamais canonisée) et la Mexicaine Mère Lupita (la deuxième Mexicaine à avoir l’honneur des autels), le Souverain Pontife entend que soient canonisés Antonio Primaldo & ses compagnons, les 813 bienheureux martyrs d’Otrante qui furent victimes, le 14 août 1480 – parmi les 12 000 autres habitants de la ville qui furent massacrés lors de la prise de celle-ci – de la barbarie des musulmans turcs, pour avoir refusé de renier leur foi dans le Christ.

En 1453, à la tête d’une armée de 260 000 Turcs, Mehmet II avait conquis Byzance, la “seconde Rome”. Dès lors, il projetait de s’emparer de la “première Rome”, la vraie Rome, et de transformer la basilique Saint-Pierre en écurie pour ses chevaux.

En juin 1480, il juge le moment opportun pour accomplir son œuvre: il lève le siège de Rhodes – que ses chevaliers défendaient avec courage – et dirige sa flotte vers la mer Adriatique. Il a l’intention de s’emparer de Brindisi, dont le port est vaste et commode. De Brindisi, il envisage de remonter l’Italie jusqu’au siège de la papauté. Un fort vent contraire contraint cependant les navires à toucher terre à 50 milles plus au sud. Le débarquement a lieu à Roca, à quelques kilomètres d’Otrante.

Otrante était – et est encore – la ville située le plus à l’est de l’Italie. C’est une ville riche d’histoire. L’importance de son port fait d’Otrante un pont entre l’Orient et l’Occident. Otrante possède une très belle cathédrale, construite en 8 ans seulement de 1080 à 1088. En 1095, 12 000 croisés y reçurent la bénédiction de l’évêque, avant de partir, sous le commandement du prince Bohémond Ier de Hauteville, libérer et protéger le Saint-Sépulcre de Jérusalem. C’est justement à Otrante que saint François d’Assise, revenant de Terre Sainte, avait débarqué en 1219 et avait été accueilli avec tous les honneurs.

Au moment du débarquement des Ottomans, la ville ne peut compter que sur une garnison de 400 hommes armés, dont les chefs s’empressent de demander de l’aide au roi de Naples, Ferrante d’Aragon, en lui envoyant un courrier. Après avoir cerné le château, où tous les habitants du bourg s’étaient réfugiés, le pacha Agometh envoie un messager pour proposer une reddition à des conditions avantageuses, mais les habitants refusent courageusement cette proposition. Pour supprimer toute équivoque, les capitaines se saisissent des clés de la ville et les jettent ostensiblement à la mer du haut d’une tour, en présence de la population. Pendant la nuit, une bonne partie des soldats de la garnison franchissent les murs de la ville au moyen de cordes et s’enfuient. Les habitants seuls restent pour défendre Otrante.

S’en suit un siège éprouvant : les bombardes turques lancent des centaines de boulets de pierre sur la ville (beaucoup d’entre eux sont encore visibles aujourd’hui dans les rues du centre historique). Quinze jours plus tard, à l’aube du 12 août, les Ottomans concentrent leurs tirs sur un des points les plus fragiles des murailles. Ils ouvrent une brèche, envahissent les rues, massacrant tout ce qui est à la portée de leurs tirs. Ils gagnent la cathédrale où de nombreux habitants se sont réfugiés. Antonio De Ferraris-Galateo rapporte la passion des Otrantais dans son De Situ Japigia (Bâle, 1558) :

“Pendant la nuit précédent ce jour malheureux, l’archevêque Etienne […] avait raffermi tout le peuple avec le sacrement de l’Eucharistie divine pour la bataille le lendemain matin, qu’il avait prévue. Les Turcs, ayant rejoint l’archevêque qui était assis sur son trône vêtu des habits pontificaux et tenant la croix, lui demandèrent qui il était, et il répondit courageusement: “Je suis le recteur de ce peuple et indignement en charge des brebis du troupeau du Christ». Et l’un d’eux lui ayant dit: «cesse de désigner le Christ, Mehmed est celui qui règne à présent, pas le Christ,” il dit, s’adressant à tous : “O misérable et malheureux, pourquoi vous fourvoyez-vous en vain ? Puisque Mehmet, votre législateur, pour son impiété souffre en enfer avec Lucifer et les autres démons, vous lui valez un châtiment éternel ; et vous aussi, si vous ne vous convertissez pas au Christ et n’obéisssez pas à ses commandements, vous serez de la même façon bannis avec lui, pour toujours.” Il venait à peine de prononcer ces mots, que l’un d’eux saisit son cimeterre et, d’un seul coup lui trancha la tête; et ainsi décapité sur son trône, il est devenu un martyr pour le Christ en l’an du Seigneur 1480, le 11 août.”

“Environ huit cents ont été présentés au Pacha, qui avait à ses côtés un misérable prêtre, originaire de Calabre, nommé Jean, apostat de la foi. Celui-ci employa toute son éloquence satanique afin de persuader nos saints qu’ils devaient abandonner le Christ, embrasser le mahométisme, certains des bonnes grâces d’Achmet, qui leur accorderait la vie, les biens et tous les avantages dont ils jouissaient dans leur patrie; sinon ils seraient tous tués. Parmi ces héros, il y avait un homme du nom d’Antonio Primaldo, un tailleur, d’un âge avancé, mais plein de foi et de ferveur. Au nom de tous, il déclara “croire tous en Jésus-Christ, Fils de Dieu, et être prêts à mourir mille fois pour lui.” Et se tournant vers les Chrétiens, il dit ces mots : “Mes frères, jusqu’à aujourd’hui, nous avons combattu pour la défense de la patrie, pour sauver nos vies et pour nos seigneurs terrestres, à présent il est temps de se battre pour sauver nos âmes, pour le Seigneur, lequel étant mort pour nous sur la Croix, il convient que nous mourions pour lui, restant fermes et constants dans la foi, et avec cette mort temporelle, nous gagnerons la vie éternelle et la couronne du martyre.” À ces mots, tous se mirent à crier d’une seule voix et avec ferveur : “plutôt mourir mille fois, et de n’importe quelle mort que de renier le Christ.”

“A ces mots, le pacha, furieux, les condamne tous à mort. Le lendemain matin, «ces braves champions de la sainte foi avec la corde autour du cou et lses mains attachées derrière le dos, sont emmenés au col de Minerve tout proche. Avec l’humble attitude, avec l’air pieux et serein et la fréquente invocation les noms de Jésus et de Marie, ils faisaient d’eux-mêmes un glorieux spectacle à Dieu, et agréable aux Anges. Durant tout le trajet qui mème de l’antique port de mer au haut de la colline, résonnaient les saintes prières, avec lesquelles ces grandes âmes imploraient la grâce de consommer le sacrifice de leur vie. Ils se réconfortaient mutuellement en attendant patiemment le martyre, et c’était le père au fils, et le fils à son père, le frère à son frère, l’ami à l’ami, le camarade au camarade, avec une grande ferveur et avec une grande joie. Un turc importun tournait autour des chrétiens, avec à la main une table gravée de caractères arabes. L’interprète apostat la présentait à chacun et l’expliquait, en disant : Celui qui veut croire à cela aura la vie sauve, sinon il sera tué. Ils reprirent ensemble la profession de foi et la réponse généreuse donnée plus haut : ainsi le tyran ordonna qu’on leur tranchât la tête ; le premier à avoir la tête coupé fut le vieux Primaldo, haï de lui car il n’en finissait pas de faire des disciples. En effet, dans ces derniers moments, avant de courber la tête sur la pierre, il disait encore à ses camarades qu’il voyait le ciel ouvert et les anges le réconforter ; qu’ils soient fermes dans la foi, et regardent le ciel déjà ouvert pour les recevoir. Il pencha le front, sa tête fut coupée, mais son buste se dressa, et malgré les efforts des bourreaux, resta immobile, jusqu’à ce que tous aient été décapités. L’événement merveilleux et étonnant aurait été une leçon de salut pour ces infidèles, s’ils n’avaient été rebelles à la lumière qui éclaire chaque homme qui vit dans le monde. Un seul bourreau, un nommé Berlabei, profita du miracle, et, se proclamant bruyamment chrétien, il fut condamné à la peine du pal.”

Lors du procès pour la béatification des huit cents, en 1539, quatre témoins oculaires ont rapporté le prodige d’Antonio Primaldo, resté debout après avoir été décapité ainsi que la conversion et le martyre du bourreau. L’un d’entre eux, Francesco Cerra, âgé de 72 ans en 1539, raconte:

“Antonio Primaldo fut le premier à être mis à mort. Décapité, il resta fermement debout et tous les efforts de ses ennemis ne parvinrent pas à le faire tomber, jusqu’à ce que tous les autres eussent été tués. Le bourreau, sidéré par le miracle, proclama que la foi catholique était la vraie. Il insista pour devenir chrétien et pour cette raison fut condamné à la mort par le pal, sur ordre du pacha.”

Le sacrifice des huit cents d’Otrante n’est pas important uniquement du point de vue de la foi. Les deux semaines de résistance de la ville permirent à l’armée du roi de Naples de s’organiser et de se rapprocher de ces lieux, empêchant ainsi les 18 000 Ottomans d’envahir toute la région des Pouilles et d’avancer sur Rome. Les chroniqueurs de l’époque n’exagèrent pas en affirmant que la résistance opiniâtre des habitants d’Otrante a permis le salut de l’Italie.

http://youtu.be/R7cvRLhMUvc